Qu’aurais-je fait pendant la guerre ?

Cette question me hante toujours : qu’aurais-je fait pendant la Guerre ?

Est-ce que j’aurais utilisé mes tickets de rationnement pour faire manger ma famille ou est-ce que je les aurais gardés pour les revendre (cher) à un collectionneur 50 ans plus tard ?

Serais-je allé aux bals clandestins ou les aurais-je dénoncés aux autorités d’Occupation parce que, quand même, quoi, merde, ils jouaient de l’accordéon ?

Calendrier de l’Après

J’ai eu une idée géniale, mais comme mon génie est plutôt du type diesel, je l’ai eue un peu tard : commercialiser un « Calendrier de l’Avent spécial fin du monde ». On l’arrête au 21, on économise sur les jours superflus, mais on vend au même prix. Y a pas de petit profit.

En prime, on pourrait y mettre des cadeaux en conséquence : un mini-couteau suisse, de la ficelle, une mini-boîte de haricots… tout ce qu’il faut pour survivre après la catastrophe.

Dans la foulée, j’aurais pu vendre des agenda « Nouvel an 0 », résistants à tout, avec un petit espace pour chaque jour laisser des notes à la postérité. Un peu plus tard, je les aurais reprises, et éditées sous le nom de « Bible de Bugarach : Trucs & astuces pour reconstruire une civilisation ». Y a vraiment pas de petit profit.

Mais en vrai, j’vais pas me gâcher la vie, je compte bien profiter comme tout un chacun de ma fin du monde, calé sur mon canap’ devant la télé 16/9, que j’aurais récupérée le matin même en cassant quelque vitrine, porté par les émeutes hystériques qui ne manquent jamais de survenir à l’approche de ce type d’événements.

Lettre à Orange

Los abonats d’Orange auràn benleu vist que son, dempuei un an, soscriveires involontaris d’un noveu servici de paiament en linha, que, urosament per n’autres, es paiant nonmas la seconda setmana (e la setmana còsta minimum 5€). Sens esser consultat e sens signar que que sia, daus abonats se son donc fachs prelevar de las sòunas qu’auràn ben dau mau a se far remborsar. Coma veguere dins los mails la confirmacion de mon abonament, per lo quau avia pas fach p’una damanda, mandei queu mail au servici client d’Orange. Se setz concernats e que voletz lur escriure (conselhe de lo far, au mens per condemnar la pratica), podetz lo copiar/pegar.

Salutations,

Avec une certaine surprise nous reçûmes ce jour confirmation, par d’impénétrables voies électroniques, d’un abonnement au service « VeoPay ». Un rapide tour de la maisonnée nous apprit ce que déjà nous soupçonnions : personne, jamais, n’entreprit la démarche d’y souscrire.

Notre familier, Google, nous enseigna bien vite que seuls nous n’étions pas, et qu’il n’était visiblement nul besoin de valider quelque Condition Générale de Vente que ce fût pour bénéficier des avantages certains mais néanmoins troubles offerts par l’entreprise, récente quoique déjà implantée et ô combien vigoureuse -la valeur n’atteint point le nombre des deniers-.

Soit, nous résilions. A temps, et à un immense soulagement, cependant moins grand que celui, financier, de congénères subrepticement délestés de quelques dizaines voire centaines d’euros pour n’avoir pas couvé leurs factures du regard attentionné qu’elles requéraient.

Cinq piastres hebdomadaires afin de consommer librement dans la jungle internétique, la formule nous eût chagriné, de même que la perspective de laisser une officine accéder à nos chères informations personnelles sans que nous n’eussions rien entrepris pour ne serait-ce que laisser son œil scrutateur vagabonder dans les méandres de notre intimité pécuniaire.

Une cohorte de représentants légaux plus scrupuleux du droit que de la morale sillonnant les divers forums abordant la question, en représailles du premier étourdi venu hasarder le vocable « arnaque », nous ne nous risquerons conséquemment pas à avancer ce vilain mot. Remarquons toutefois, avec une amertume non-feinte, que certains malandrins nous parurent autrefois plus amènes.

Isolés du monde, là où seul un aventureux pourvoyeur d’accès au grand média réticulé osa pénétrer, celui là même dont le quadrangulaire blason de gueules et d’or mêlés figure au frontispice de la goguenarde et cupide missive, nous nous voyons de ce fait dans l’impossibilité matérielle de nous passer de vos talents, ô phare safrané de la civilisation.
Cette ultime trahison eût pu nous y contraindre pourtant, transportés par le courroux de constater, quelle infamie, vos douteuses accointances avec d’interlopes organisations. De rage et de désespoir contenus, nous en vînmes incidemment à neutraliser les deux utilitaires liés à l’audacieuse manœuvre précédente, vos services Internet + et consorts.

C’est bien conscients de votre intérêt et de l’assistance zélée que vous manifestez pour la sociabilisation de notre compte en banque d’ordinaire bien timide que nous vous prions, que dis-je, nous vous supplions, de ne plus désormais nous offrir de ces présents supposés nous faciliter l’existence en la dévoilant aux yeux du monde concupiscent. De grâce, gardons un peu de mystères l’un pour l’autre, car qui trop embrasse mal étreint.

Si d’aventure vos malséantes et indésirables suggestions revenaient à exhiber leurs truffes indélicates au détour de notre correspondance télématique, remémorez-vous que le lésé a le choix des armes, et que vous préférer le concours d’un rival pourrait fort bien constituer la nôtre.

Nécessairement vôtre.